SGA:T DEWĘ̱ʼNYAWʼE: OHĘ:DǪ:
Sga:t dewę̱ʼnyawʼe: ohę:dǫ: signifie « 100 à venir » dans la langue gayogo̱hó:nǫˀ (cayuga), une des six langues de la Confédération Hodinohsho:ni. Il y a 100 ans, Deskaheh (Levi General), un chef cayuga, voyageait des Six Nations de la rivière Grand (un des 17 territoires restant en Amérique du Nord) à Genève pour affirmer la souveraineté Hodinohsho:ni. Deskaheh n’a pas été autorisé à parler à la Société des Nations, mais il est reconnu pour avoir inspiré le mouvement mondial pour l’inscription des droits des Peuples Autochtones dans le droit international.
Son message provenant d’une petite nation a résonné à travers le monde grâce au soutien des citoyen-ne-s et de la Ville de Genève. En 2023, le Comité Hodinohsho:ni des Relations Extérieures, la Ville de Genève et des membres de la communauté se sont rassemblé-e-s pour commémorer l’importance du travail de Deskaheh. Le retour de biens (artefacts) cérémoniels par le MEG est l’un des moyens pour reconnaître cette souveraineté. Aujourd’hui, les Hodinohsho:ni continuent de se battre pour être reconnu-e-s en tant que nation à l’Organisation des Nations Unies.
Heather George
Heather George
Heather George est mère, jardinière, artiste perleuse et conservatrice. Par son père, Heather est Kanien’kehá:ka (Mohawk) de Akwesasne et euro-canadienne par sa mère. En mars 2023, elle a été engagée en tant que directrice exécutive du Centre Culturel Woodland des Six Nations de la rivière Grand. Elle prépare aussi un doctorat à l’Université de Waterloo sur l’histoire des pratiques muséales Hodinohsho:ni.
©Woodland Cultural Centre
Deskaheh Levi General
Levi General est né le 15 mars 1873 ; il est le fils de Mary Styres et James Hess. En 1917, Levi General est nommé chef de la Nation Cayuga par la mère de clan Louise Miller du clan du Petit Ours et reçoit le titre de Deskaheh.
En mars 1922, il rencontre H. A. van Karnebeck, le ministre néerlandais des affaires étrangères, qui est aussi le président de l’assemblée de la Société des Nations à Washington D. C. Deskaheh insiste pour que sa pétition soit d’abord envoyée à la Cour internationale de Justice à La Haye et ensuite à la Société des Nations. En réponse, le gouvernement canadien accuse les Pays-Bas de se mêler de questions internes afin de l’embarrasser.
En juillet 1923, Deskaheh quitte New York en bateau et arrive à Genève en septembre où il s’installe à l’Hôtel des Familles. Il reste 18 mois en Europe. Pendant cette période, il donne des conférences à Genève, Berne, Lausanne, Lucerne, Winterthur, Zürich et Paris.
Heather George
Depuis l’époque de Deskaheh, des délégations autochtones du monde entier se sont rendues à l’ONU à Genève, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale, du Sud et des Caraïbes, de l’Arctique, du Pacifique, de l’Asie, de l’Afrique ainsi que de l’Europe centrale et orientale, de la Fédération de Russie, d’Asie centrale et de Transcaucasie.
À Genève, le Docip – Centre de documentation, de recherche et d’information des Peuples Autochtones – conserve des milliers de documents produits dans le cadre des conférences aux Nations Unies. Ce fonds est inscrit au registre international de la « Mémoire du monde » de l’UNESCO.
Pierrette Birraux, Sara Petrella
La Confédération Hodinohsho:ni
La Confédération Hodinohsho:ni rassemble les Nations Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora. Le système politique repose sur Gayane̱hsraˀgó:wah (la Grande Loi de Paix) qui établit les principes des traités avec toutes les autres nations. Les femmes sont au coeur de ce système de gouvernance ; 49 mères de clan désignent 49 chefs et un chef, Tadodaho, est désigné par tous les autres chefs. Seules les mères de clan ont le pouvoir de destituer un chef. Les Hodinohsho:ni ont subi d’intenses persécutions à la suite de la Révolution américaine. En vertu du traité conclu entre les Hodinohsho:ni et la Couronne britannique, le gouverneur Haldimand a publié, le 25 octobre 1784, une proclamation reconnaissant les droits des Hodinohsho:ni sur 900 milles acres de terres dans l’actuel Canada, Ontario.
Les ingérences du Canada dans la gouvernance des Hodinohsho:ni, la dépossession des terres et les atteintes aux droits des femmes et des enfants autochtones se sont intensifiées entre 1860 et 1924. Le Conseil de la Confédération a nommé Deskaheh pour solliciter l’aide d’autres nations.
Heather George
Mythe fondateur des Haudenosaunee
Production PBS
Financé par Partnership with Native Americans
Durée : 5’52’’
Chef Deskaheh
De la série Indiens et scènes historiques de l’Ouest
Photographe non documenté-e. Vers 1915-1925. Tirage d’exposition
©bpk/The Metropolitan Museum of Art, W417
Photographe non documenté-e. Vers 1915-1925. Tirage d’exposition
©bpk/The Metropolitan Museum of Art, W417
Parmi leurs luttes, les personnes Autochtones affrontent de nombreux stéréotypes touchant à des questions d’identité, d’actions, de discours et de vêtements. Des auteurs et universitaires européens, dont Karl May et Joseph-François Lafitau, ont façonné la manière dont les personnes non autochtones perçoivent les communautés autochtones.
Deskaheh y a sûrement été confronté ; ceci expliquerait le fait qu’il porte une coiffe de guerre sur de nombreuses photographies bien qu’il ne s’agisse pas d’une coiffe Hodinohsho:ni. H. George
Deskaheh y a sûrement été confronté ; ceci expliquerait le fait qu’il porte une coiffe de guerre sur de nombreuses photographies bien qu’il ne s’agisse pas d’une coiffe Hodinohsho:ni. H. George
Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones (DNUDPA)
Adoptée en 2007
Imprimée par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme. 2008. Plaquette couleur
Docip, Centre de documentation
Malgré l’éloignement géographique, des moyens de communication déficients, un manque de financement et des embûches bureaucratiques, les délégations autochtones se rendent tous les ans à Genève et négocient le texte point par point, virgule après virgule, obtenant ainsi un document qui reflète l’essentiel de leurs aspirations. Rares sont les instruments internationaux qui ont été élaborés aussi démocratiquement que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones (DNUDPA) adoptée en 2007 par l’assemblée générale. P. Birraux
Article 12
1. Les Peuples Autochtones ont le droit de manifester, de pratiquer, de promouvoir et d’enseigner leurs traditions, coutumes et rites religieux et spirituels ; le droit d’entretenir et de protéger leurs sites religieux et culturels et d’y avoir accès en privé ; le droit d’utiliser leurs objets rituels et d’en disposer ; et le droit au rapatriement de leurs restes humains.
2. Les États veillent à permettre l’accès aux objets de culte et aux restes humains en leur possession et/ou leur rapatriement, par le biais de mécanismes justes, transparents et efficaces mis au point en concertation avec les Peuples Autochtones concernés. Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones
Masque Hadui et Hochet Tortue
Pour les Hodinohsho:ni, comme pour de nombreuses autres Nations Autochtones, le concept de souveraineté s’étend au-delà de la sphère politique et gouverne notre relation à la terre, la langue, la culture et au patrimoine. Cela peut comprendre le rapatriement de biens (artefacts) provenant de collections muséales, particulièrement lorsque ces objets sont utilisés lors de cérémonies et d’activités sacrées.
À travers le monde, les musées commencent à comprendre leur rôle dans la colonisation, l’expropriation et l’oppression continue des Peuples Autochtones.
Ces deux silhouettes représentent un masque cérémoniel appelé un Hadui et un Hochet Tortue ; tous deux utilisés par des sociétés de médecine. Depuis leur retour, ces biens sont à nouveau utilisés au cours de cérémonies.
Le rapatriement est un acte essentiel pour soutenir la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Celle-ci traite explicitement de la question du rapatriement dans l’article 12.
Heather George