Une œuvre pour la mémoire centrafricaine
Méconnu en Centrafrique, son pays natal, Clément-Marie Biazin (1924-1981) est un acteur singulier de l’histoire de l’art africain au 20e siècle. Il a laissé à la postérité plusieurs centaines de gouaches, dont le style se caractérise par des couleurs éclatantes et une savante dysorthographie. Ses « récits en images et en mots » sont autant de chapitres de son grand manuel d’histoire. En effet, l’autoproclamé « peintre national centrafricain » a consacré son œuvre à documenter le passé immémorial dont le souvenir doit perdurer, pour soutenir la mémoire et l’identité collectives, malgré les ravages de l’esclavagisme puis du colonialisme en Afrique centrale. Son ambitieux projet d’édification des générations futures repose sur le constat suivant : « Une fois acquise l’indépendance, les Africains oublient tout ce qui était de la tradition et de la civilisation du passé, ce qui était de leur originalité. Il faudrait qu’il y ait aussi le passé, et le passé doit se joindre avec le futur, et cela pourrait conduire bien le pays. »
Floriane Morin