Un empereur éthiopien à la Société des Nations
La bataille d'Adoua
Estelle Sohier, historienne et professeure associée à l'Université de Genève
En juin 1936, Hailé Sélassié (1892-1975) prononce un discours historique et prémonitoire à la tribune de la Société des Nations (SDN). Il a fui l’Éthiopie pour appeler le monde entier à l’aide depuis Genève, face à l’invasion coloniale italienne perpétrée avec des moyens militaires dévastateurs. Le roi demande le respect du droit international contre l’usage de la force, car l’Éthiopie est un État indépendant, membre de la SDN. Il annonce une rupture de l’équilibre mondial si son pays était laissé à l’agresseur. De nombreux comités de soutien sont alors créés, mais son appel sera vain : Mussolini (1883-1945) désire venger la défaite d’Adoua (Éthiopie) de 1896, qui reste une blessure pour l’Italie. Devant la montée du nazisme, l’Europe n’osera s’opposer au dictateur pour un lointain pays africain. Hailé Sélassié retrouvera Addis-Abeba et son trône seulement cinq ans plus tard, en 1941, avec l’aide des Britanniques. Il devient une figure internationale de la lutte face à la colonisation et le père des indépendances en Afrique.
Estelle Sohier