Marchandises « exotiques » et luxe européen

Guillaume Franconis (1646-1722) appartient à une famille de riches marchands qui exercent d’importantes fonctions politiques dans la cité genevoise. Ses activités commerciales et financières touchent l’Angleterre et les Pays-Bas ; à travers ses relations avec les Compagnies néerlandaises, il accède aux « Indes orientales », c’est-à-dire l’Asie, et aux « Indes occidentales », soit les Amériques. Son stock de marchandises renferme encore à son décès des tissus divers, des objets et petits meubles d’appoint de Chine ou du Japon, du papier fin, des pierreries, du tabac et du thé, du sucre et du café, et bien d’autres articles et denrées de provenance plus ou moins lointaine, destinés au marché local et européen. À l’époque, ce qui vient de par-delà les mers est moins considéré comme le témoignage d’autres cultures que comme un luxe auquel seules les classes les plus fortunées peuvent prétendre. Dans les natures mortes, tapis turcs et épices, porcelaines et coquillages, sont des « marqueurs » de distinction à l’échelle européenne.

Danielle Buyssens
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