Évolutionnisme et racisme

La mission « civilisatrice » du 19e siècle est justifiée par un projet intellectuel et institutionnel qui repose sur l’établissement d’identités et de différences : étudier les stades successifs de développement de chaque société et les positionner dans l’histoire universelle de l’humanité. Dans les années 1910, le MEG reçoit du zoologiste suisse Maurice Bedot (1859-1917) près de deux cent instruments de musique recueillis sur les cinq continents entre 1890 et 1901. Cette acquisition a ouvert la voie à un projet classificatoire imprégné des théories ethno-raciales et évolutionnistes de l’époque : l’ouvrage de George Montandon (1879-1944) La généalogie des instruments de musique et les cycles de civilisation, suivi du catalogue des instruments de musique du Musée d’ethnographie publié en 1919. Il y expose sans ambiguïté son projet de classification « embryogénique » : retracer les « instruments-principes » qui auraient servi de base au développement d’autres instruments censés être plus évolués, un processus qui serait, selon lui, comparable à l’évolution des êtres humains.

Madeleine Leclair
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