Ce sabre géant provenait-il d’un mausolée de Kairouan ?

En 1994, Jean-Louis Michon (1924-2013), érudit soufi et ami du Musée d’ethnographie, découvre en Tunisie la véritable identité de cet objet votif déconcertant, oublié dans les réserves muséales pendant plus d’un siècle. Il avait déjà tenté d’en déchiffrer les écritures énigmatiques gravées dans la lame, mais seules certaines sourates du Coran se laissaient lire. C’est en entrant dans la surnommée « mosquée des sabres », devenue un musée de Kairouan, qu’il reconnaît alors des sabres de même facture. Il se trouve en fait dans le mausolée du mage et maître-forgeron Sidi Amor Abbada (mort en 1856 ou 1872), célèbre pour sa démesure. Le 26 octobre 1881, l’armée coloniale française entrait dans Kairouan. En 1882, l’entrepreneur genevois François Auguste Sautter de Beauregard (1826-1885) faisait don du sabre votif au Musée archéologique de sa ville. L’avait-il reçu à travers ses relations d’affaires, en qualité de vice-président de la Société franco-africaine ? Où et entre quelles mains s’était trouvé ce sabre du vivant même du mage-forgeron, nous ne le savons pas.

Floriane Morin/MEG
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