Classification endogène tibétaine

Développés en Occident au 20e siècle, les classements génétiques des instruments reposent sur leur observation morphologique et fonctionnelle, sans tenir compte des propriétés musicales ou des critères selon lesquels une société classe les objets qu’elle produit. Les classifications locales permettent pourtant de comprendre les liens unissant un instrument à ses propriétés musicales, religieuses ou cosmologiques. Les moines bouddhistes tibétains accordent une place fondamentale à la sonorité des instruments de musique, considérés essentiels à l’expérience religieuse. Les sons des instruments joués pendant les rituels reflètent en effet les sonorités du cosmos : le tonnerre (tambours, timbales), le ruissellement de la pluie (cymbales, clochettes), etc. Il n’est donc pas étonnant que la classification des instruments monastiques joués en ensemble pendant les rituels bouddhiques ait comme critère principal l’action exercée sur ces instruments pour les faire sonner : instruments frappés, secoués ou dans lesquels on souffle.

Madeleine Leclair
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