Sciences et évangélisation

Sociétés de géographies et colonisation
Fabio Rossinelli, historien et membre-expert de l'équipe curatoriale de l'exposition pour les contenus historiques
La Société de géographie de Genève, fondée en 1858, s’engage très tôt dans la voie missionnaire. Les missionnaires sont non seulement des agents autoproclamés de « civilisation », mais aussi des agents réels d’information géographique. Ils résident dans les territoires colonisés parmi les populations autochtones et cultivent une passion érudite pour la connaissance du monde. Pour ces raisons, des réseaux de correspondance et d’entraide sont organisés depuis 1859. La Société de géographie fournit aux missionnaires des instruments de mesure, des supports éditoriaux, de la visibilité publique. Les missionnaires, en revanche, transmettent, à la Société, des informations de première main sur les lieux qu’ils habitent ou explorent, envoient des objets et des cartes. Science et missions travaillent main dans la main en contexte colonial.

Fabio Rossinelli
Sociétés de géographies et missions
Fabio Rossinelli, historien et membre-expert de l'équipe curatoriale de l'exposition pour les contenus historiques
Cette carte décorative, éditée et diffusée en 1899 par la Mission de Bâle à l’attention du public francophone, affiche le succès présumé de la colonisation chrétienne dans le monde sous l’égide du Christ qui domine la scène (en haut). On retrouve également la figuration des principaux lieux d’implantation des missionnaires bâlois (dont le siège, dans la ville rhénane, est représenté en bas) : la Chine et l’Inde d’un côté (gauche), le Ghana et le Cameroun de l’autre (droite). F. Rossinelli
Carte des missions
R. Niestlé, R. Schuler, M. Borel, Ph. Fernique fils
Imprimée par Delachaux et Niestlé, 1899 
Reproduction
© Bibliothèque de Genève
Avertissement : Certains contenus présentent des images ou des termes à caractère raciste et discriminant.
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Leur présence est signalée par ce symbole.
La revue L’Afrique explorée et civilisée est créée à Genève par le juriste-philanthrope Gustave Moynier (1826-1910) et le pasteur-géographe Charles Faure (1829-1913). Ce dernier en est le rédacteur en chef tandis que la production cartographique est confiée à William Rosier (1856-1924), pédagogue et futur conseiller d’État. Paraissant à un rythme mensuel entre 1879 et 1894, le périodique rapporte sans cesse les avancées de l’exploration et de la colonisation en Afrique et connaît un immense succès éditorial en Europe. Moynier, cofondateur du Comité international de la Croix-Rouge, se démarque par son engagement dans des œuvres philanthropiques. Sa vision de la « civilisation » comme acte de bienfaisance a été stimulée par les géographes. La création de cette revue s’inspire des démarches royales belges qui permettent l’essor de l’État indépendant du Congo (1885-1908). Cet État est représenté à Genève par Moynier, nommé consul général par Léopold II. Le philanthrope genevois restera un fidèle allié à la cause léopoldienne, malgré les massacres coloniaux perpétrés au Congo et dénoncés par la presse. F. Rossinelli
Gustave Moynier
JP Kalonji. 2021
Illustration publiée dans une série d’articles du journal Le Temps sur le passé colonial de la Suisse.
Technique mixte Prêt de l’artiste
©Photo Johnathan Watts/MEG


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Mathias C. Pfund. 2024 Impression, cadre. Reproduction de la couverture de L’Afrique explorée et civilisée, VIe année, no 3, mars 1885 ; reproduction de la page de garde de L’Afrique explorée et civilisée, Ire année, no 1, juillet 1879, p. 2. E-Periodica, ETH Zurich

Les fac-similés arborent les tampons de la « Société royale belge de géographie – Bruxelles » et des « Colonies suisses de Sétif Algérie – Genève » reproduits d’après des exemplaires conservés à l’Africa Museum (ancien Musée royal d’Afrique centrale) de Tervuren et à l’Université de Californie. Ceux-ci témoignent de la diffusion du mensuel et révèlent des réseaux d’influence.
M. C. Pfund

  MathiasCPfund. Insides Out   [PDF 8 Mo]
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